Mise en vente de Chambres Chez Lise : 78 résidents impactés
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Image : TVRS |
Le complexe d'hébergement Chez Lise, qui offre depuis plus de 50 ans un toit aux personnes vulnérables à Longueuil, est à vendre pour 9 M$, mettant en péril ses 78 résidents qui pourraient se retrouver à la rue.
Fondé dans les années 70 par Lisette Bissonette, et ce, sans subvention gouvernementale, le complexe de sept immeubles loge des personnes vivant avec des troubles de santé mentale, des dépendances et des faibles revenus. Décrit par l'entreprise comme étant « un modèle alternatif d’hébergement », le complexe est devenu, au fil des ans, la maison d'accueil d'une clientèle « que ni les hôpitaux psychiatriques, ni les centres d’hébergement traditionnels n’arrivent à prendre en charge ». On y offre notamment des repas, des services de ménage et de lessive et de l’accompagnement. « Madame Lise a bâti un lieu structuré, sécuritaire et profondément humain », qui donne aux résidents « une dignité que le système peine souvent à offrir », déclare l'organisme par voie de communiqué.
Cela dit, le pilier communautaire longueuilois est en proie à un litige opposant les deux actionnaires, Sophie Noreau et Marie-Claude Lapointe, qui ont acquis le complexe il y a deux ans. L'une d'entre elles souhaite racheter les parts de l’autre, qui refuse toutes les offres qui lui ont été faites, « sans justification valables », selon des bénévoles de l'entreprise. Résultat : un procès est en attente, et le complexe est à vendre, sans garantie pour sa fondatrice, Mme Bissonette, qui habite une des 131 unités de logement de son oeuvre de vie, ainsi que pour les autres résidents. Lors de l'acquisition de Maisons Chez Lise, les deux femmes s'étaient engagées à poursuivre la mission sociale de Mme Bissonette, et de lui garder un logement dans son complexe, qu'elle habitait depuis sa création. Âgée de 82 ans, la fondatrice souhaitait « transmettre sa mission » à une relève compétente, qui pourrait moderniser le centre.
« Le projet a été donné à ces deux personnes là [...] Elles ont eu tout le projet à un taux d'intérêt vraiment bas, voire même de zéro, échelonné sur une trentaine d'années [...] Maintenant qu'elles ont mis le tout en vente au plus offrant, je trouve que c'est vraiment injuste », déplore Frank Hoytink, bénévole et membre du CA chez Chambres Chez Lise. Marie Julie Sauvé, également membre du CA, indique que la disparition du centre ne ferait qu'aggraver le problème d'itinérance à Longueuil, qui grandit d'année en année. Un endroit comme Chez Lise, « il n'y en a pas d'autre ailleurs », de sorte que plusieurs personnes vulnérables viennent d'ailleurs dans la région pour bénéficier des services qui y sont offerts. « Cette mission-là est vraiment importante, et c'est aussi un emblème à Longueuil », ajoute-elle.
« Nous ne pouvons pas permettre que l’héritage de compassion de Madame Lise soit effacé par la spéculation immobilière ni qu’un litige privé vienne anéantir une mission sociale essentielle. Nous ne pouvons pas abandonner 78 êtres humains qui dépendent de cette ressource unique », lancent les employés et bénévoles de Chambres Chez Lise. Ces derniers demandent donc une intervention urgente de la part des autorités publiques afin de ne pas laisser s'écrouler ce service essentiel à plusieurs personnes.
Rappelons que depuis le 15 avril dernier, Chambres Chez Lise est assujettie au droit de préemption de la Ville de Longueuil, qui a adopté une résolution dans le but de maintenir l'abordabilité d'immeubles locatifs sur son territoire. Longueuil, qui considère le complexe comme essentiel dans la lutte contre l'itinérance, peut donc se porter acquéreur prioritaire des immeubles de Chez Lise, mais selon M. Hoytink, les chances que la Ville achète l'entreprise sont minces. Selon lui et Mme Sauvé, une autre option pour sauver le centre d'hébergement et sa mission serait d'en redonner la possession à Mme Bissonette.
En réponse aux questions de TVRS, Longueuil indique que « l’usage du droit de préemption sera évalué par la Ville si une offre d’achat est acceptée sur les immeubles ».