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Démission de Justin Trudeau : les élus fédéraux de la région se prononcent

Mercredi 08 janvier 2025 15:55 Édouard Desroches
Justin Trudeau en conférence de presse devant sa maison à Ottawa, le 6 janvier 2025[Photo : Justin Tudeau - Facebook]

Justin Trudeau a annoncé sa démission comme premier ministre et chef du Parti libéral du Canada lundi matin, ce qui n'a pas manqué de faire réagir plusieurs députés fédéraux de la région, qui attendaient cette nouvelle avec impatience.

Ayant perdu la confiance de plusieurs membres de son caucus, notamment celle de Chrystia Freeland, qui occupait jusqu'à tout récemment le poste de vice-première ministre et de ministre des Finances, le premier ministre a annoncé en conférence de presse en début de semaine qu'après mûre réflexion, il resterait en poste jusqu'à ce que les députés libéraux lui choisissent un.e successeur.e.

Alexandra Mendès, députée de Brossard–Saint-Lambert, se prononce sur l'impopularité de M. Trudeau depuis le mois de septembre dernier. Cela dit, la députée libérale se « sent soulagée » de la décision du premier ministre, en mentionnant que ses concitoyens en faisaient la « demande insistante » de depuis plusieurs mois. « Ce ne pas quelque chose qui me fait sauter en l'air, je ne suis pas autrement joyeuse, mais ça me soulage de voir qu'il a entendu les Canadiens et qu'il a entendu le caucus », dit-elle. Mme Mendès croit que le premier ministre, qui a été à la tête du Canada pendant presque dix ans, laisse derrière lui un pays avec un filet social « solidement renforcé », consistituant à son avis un des plus grands succès de sa gouvernance, en plus d'avoir fait du progrès « concret » dans la lutte contre les changements climatiques et la réconciliation avec les peuples autochtones. 

Alors que le taux d'approbation citoyenne est dangereusement bas pour son parti (soit un mince 16% en date du 29 décembre selon un sondage de la firme Angus Reid), la députée croit que le départ de Justin Trudeau devrait donner un regain de popularité aux libéraux. Elle indique que l'opinion négatif des citoyens de sa circonscription envers le premier ministre « ne s'étend pas au parti », et que dans ses discussions avec eux, elle notait une remise en cause du leadership de Justin Trudeau, mais pas de la compétence des libéraux à la tête du gouvernement.

« Plusieurs de mes collègues et moi, on s'était activés cet automne pour essayer de convaincre le premier ministre qu'il était temps de céder la place, parce qu'on sentait que les citoyens voulaient bien nous donner une chance, mais pas avec ce premier ministre à la tête du parti. C'était notre conclusion. Est-ce qu'on avait raison ? C'est à suivre et à voir », lance Mme Mendès. 

Du côté du Bloc Québécois, qui occupe la majeure partie des circonscriptions de la région, les députés croient, tout comme Alexandra Mendès, qu'il était temps pour Justin Trudeau d'accrocher son chapeau, sans toutefois partager son opinion sur l'héritage qu'il laisse au pays. « Pour une fois, ça montre qu'il a été à l'écoute de ce que les gens lui disaient », dit Xavier Barsalou-Duval, député de Pierre-Boucher—Les Patriotes—Verchères. Ce dernier croit que le premier ministre « aurait dû entendre raison avant », et que la course à la chefferie libérale aurait dû avoir lieu alors que le gouvernement détient encore la confiance de la Chambre des communes.

Rappelons que Justin Trudeau a demandé une prorogation du Parlement jusqu'au 24 mars, interrompant ainsi tous les travaux parlementaires prévus jusqu'à cette date. Ce gel de session parlementaire interrompt de ce fait toute potentielle adoption de projets de loi. « C'est une situation un peu étrange », déclare M. Barsalou-Duval, qui déplore notamment l'impact de cette prorogation sur projet de loi C-282 du Bloc Québécois, qui concerne la protection de la gestion de l'offre. « Il y a de fortes chances que [le progrès] soit perdu, et qu'on doive recommencer à zéro dans une prochaine législature ». Le député ajoute que selon lui, M. Trudeau laissera derrière lui le souvenir « d'un premier ministre qui a gouverné par l'image, et d'un gouvernement qui a gouverné par les apparences, mais qui n'a pas nécessairement réussi à avoir de grands accomplissement ». Il déplore l'achat du pipeline Trans Mountain en 2018 par son administration, qui « se présentait comme un gouvernement vert », ainsi que selon lui, une mauvaise gestion de la crise du logement, de l'immigration et des frontières, ainsi qu'une « culpabilisation du Québec par rapport à son identité [linguistique] ».

« Je salue l'homme, dans le sens que je souhaite juste du bien à lui et sa famille [...] mais son bilan est absolument catastrophique. Il était vraiment temps que les libéraux passent à autre chose », lance de son côté Denis Trudel, député bloquiste de Longueuil—Saint-Hubert. Tout comme son collègue de Pierre-Boucher—Les Patriotes—Verchères, M. Trudel ne mâche pas ses mots quand il est question de décrire les neuf années du gouvernement Trudeau. Il dénonce lui aussi sa gestion de la crise climatique et du statut de la langue française au pays, en plus de celle de la crise du logement qui sévit au pays.

Par voie de communiqué, Stéphane Bergeron, le député sortant de la circonscription de Montarville, qui deviendra au prochaines élections Mont-Saint-Bruno—L'Acadie, a déclaré pour sa part que Justin Trudeau « lègue un héritage toxique » au Canada, en ajoutant que son gouvernement « n’a cessé de faire obstacle aux priorités québécoises en s’attaquant à la laïcité et en favorisant l’anglicisation du Québec ». M. Bergeron laissera d'ailleurs place à l'avocate Noémie Rouillard pour représenter le Bloc dans sa circonscription aux prochaines élections.

Ces quatre bloquistes souhaitent que le Parti libéral choisisse un nouveau chef rapidement, et que des élections soient déclenchées le plus vite possible. En ce début janvier, leur parti est au premier rang des intentions de vote des Québécois, mais ailleurs au Canada, c'est le Parti conservateur de Pierre Poilievre qui mène. 

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