Champ de tir à Saint-Bruno-de-Montarville : Stéphane Bergeron n'est pas convaincu par la promesse des libéraux
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L'ancien champ de tir de Saint-Bruno-de-Montarville [Photo : Édouard Desroches] |
Le député fédéral sortant de Mont-Saint-Bruno–L'Acadie, Stéphane Bergeron, a vivement critiqué l'annonce du ministre Steven Guilbeault concernant l'ancien champ de tir à Saint-Bruno-de-Montarville, ainsi que ses déclarations à l'égard du Bloc québécois.
Lundi, M. Guilbeault, ministre de la Culture et de l’Identité canadiennes, Parcs Canada et lieutenant du Québec, annonçait en conférence de presse que le Parti libéral promettait, s'il est réélu, de transférer le terrain de l'ancien champ de tir de Saint-Bruno-de-Montarville, fermé depuis 2017, à des fins de conservation de la nature et de récréation.
Il indiquait également que le Bloc québécois, pour qui le dossier était un enjeu important, n'a pas eu d'influence dans la décision annoncée par le gouvernement, et que M. Bergeron ne l'avait jamais contacté afin de lui parler du sujet.
En entrevue avec TVRS, le député bloquiste a tenu à expliquer qu'il n'a bel et bien pas fait affaire directement avec M. Guilbeault, parce qu'il essayait plutôt de faire avancer le processus de cession du champ de tir avec le ministère de la Défense du Canada, à qui le terrain appartient. Rappelons que M. Guilbeault, avant son présent titre, occupait le poste de ministre de l'Environnement et du Changement climatique.
« Quand il dit que je n'ai jamais été en contact avec lui, c'est vrai, parce que moi j'ai été en contact avec le ministère de la Défense, qui est propriétaire des terrains, qui s'occupe de la décontamination, et je constatais que M. Guilbeault faisait davantage partie du problème que de la solution, parce qu'avant la fermeture des terrains de la Défense en 2017, les gens avaient accès à des sentiers [...] Ces sentiers ont été fermés en 2017, et on a appris grâce à notre pétition que c'était à la demande du ministère de l'Environnement [...] Donc, depuis 2017, à cause du ministère de l'Environnement, les gens n'ont plus accès aux sentiers », a-t-il déclaré.
Dans un communiqué de presse, le cabinet du ministre Guilbeault affirme que « le Bloc Québécois n'est jamais intervenu dans ce dossier ces dernières années ». Hors, des échanges courriels entre le cabinet de M. Bergeron et le cabinet du ministre de la Défense nationale obtenus par TVRS démontrent que le Bloc québécois communique avec le ministère depuis au minimum janvier 2024 afin de connaître l'avancée des travaux de décontamination du site et des négociations de cession du terrain avec le gouvernement du Québec.
Cette cession ne semble d'ailleurs pas être une garantie, puisque le Parti libéral s'est dit ouvert à plusieurs possibilités, comme de le céder au gouvernement du Québec comme prévu auparavant, mais aussi d'en faire un parc fédéral ou une propriété municipale. Cette ouverture s'agit d'un recul, selon Bergeron, qui rappelle que les négociations avec le gouvernement du Québec concernant la cession étaient déjà entamées, et que le parc national du Mont-Saint-Bruno est le plus petit mais le plus achalandé de la province, donc qu'il a grandement besoin d'une expansion afin de protéger sa biodiversité.
« Les négociations avaient commencé avec le gouvernement du Québec, ça avait été confirmé lors de la dernière campagne électorale québécoise [...] Et donc le ministre vient d'évoquer la possibilité qu'il y ait d'autres scénarios, alors qu'il y avait des négociations qui avaient été entreprises avec le gouvernement du Québec, donc on se demande un peu ce que le ministre est venu faire, sinon de nous dire qu'il n'avait rien réalisé jusqu'à présent, et qu'en fait, toutes les avancées dans ce dossier depuis un certain nombre d'années le sont grâce aux pressions que nous avons exercé », lance Bergeron. « Si ça se trouve, M. Guilbeault est venu complexifier davantage notre compréhension du dossier, que ce qu'on connaissait avant qu'il débarque pour faire son "show" de boucane dans la circonscription de Mont-Saint-Bruno-L'Acadie, parce que jusqu'à présent, on avait passé toutes les étapes », a-t-il ajouté, tout en ajoutant que le ministre a « menti » avec ses affirmations concernant l'implication du Bloc dans le dossier.
Cela dit, Bergeron se réjouit des progrès dans la décontamination du terrain, en affirmant qu'elle se fait rapidement, mais il reste dubitatif à l'égard de l'annonce des libéraux, qu'il dit avoir vu se répéter à chacune des dernières campagnes électorales. Le Bloc s'engage donc à rester aux aguets, et de s'assurer que le Parti libéral, s'il est réélu, tienne sa promesse, peu importe les résultats électoraux dans la circonscription.
Le ministre Guilbeault avait aussi annoncé lundi que les négociations avec la province de Québec et les municipalités environnant le champ de tir, soit les Villes de Saint-Bruno-de-Montarville, Sainte-Julie et Saint-Basile-le-Grand, seraient entamées dans les 90 premiers jours d’un prochain gouvernement libéral afin de conclure une entente pour le transfert du terrain. L'annonce avait plu aux élus municipaux locaux, pour qui l'enjeu est une priorité.